24 mars

Première journée de la Conférence interparlementaire pour la politique étrangère et de sécurité commune et la politique de sécurité et de défense commune

La Conférence interparlementaire pour la politique étrangère et de sécurité commune et la politique de sécurité et de défense commune s’est ouverte lundi 24 mars dans la salle des séances du Sejm. La Conférence interparlementaire est composée de délégations des commissions compétentes des parlements nationaux des États membres, principalement des commissions des affaires étrangères et de la défense, ainsi que d’une délégation du Parlement européen. Le discours inaugural de la session d’ouverture a été prononcé par le maréchal (président) du Sejm Szymon Hołownia. – La devise de la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne est un slogan simple, deux mots simples : sécurité, Europe ! Nous savons aujourd’hui que nous ne pouvons plus assurer la sécurité en Europe, comme nous l’avons cru pendant des décennies, uniquement par une coopération économique étroite. Ces temps sont révolus, a déclaré le président Hołownia.

– Nous devons miser sur l’intégration européenne, sur la coopération, sur la construction de la paix en prenant soin ensemble de notre défense. Cela peut sembler un truisme, mais après des années de renoncement mental, il s’est avéré que nous sommes trop faibles pour affronter ceux qui fondent aujourd’hui leur vision de l’avenir de l’Europe et du monde uniquement sur la force. Nous devons y répondre en tant qu’Europe, en tant qu’États membres de l’Union européenne, et j’ai le sentiment que, bien qu’il soit tard, il n’est certainement pas trop tard pour prendre les mesures qui s’imposent, a déclaré M.Hołownia.

Le maréchal (président) du Sejm a souligné que si l’Europe considère les dépenses de défense comme des coûts ou des pertes pour le budget, elle n’atteindra jamais l’objectif fixé. – Aujourd’hui, nous devons les considérer comme un investissement. Aujourd’hui, nous devons considérer ces dépenses comme de l’argent qui renforcera notre compétitivité, a-t-il souligné.

Il y a du travail à faire, car 78 % des dépenses de défense de l’Europe sont réalisées en dehors des budgets de nos pays. Dont 60 % aux États-Unis. Il est vraiment temps que l’Europe cesse d’entretenir cette mentalité d’éternel client fasciné par d’autres mondes, fasciné par ceux qui produisent des technologies de pointe dans des domaines que nous ne possédons pas encore. Nous devons nous-mêmes commencer à produire de telles technologies. C’est nous qui devons être le magasin où les autres viendront dépenser leurs budgets nationaux. Nous sommes vraiment capables d’y arriver, a-t-il estimé.

– Il est temps pour nous de réveiller l’industrie européenne de la défense, d’éveiller en Europe la conscience que notre avenir commun réside dans les investissements dans la défense. Que les temps ne sont plus à l’après-guerre, qu’ils sont à l’avant-guerre. Ainsi, la communauté du charbon et de l’acier, qui devait, selon l’idée de Schuman, lier les mains des gens pour qu’ils ne se battent pas entre eux, mais produisent ensemble, doit être remplacée par une communauté qui produise ensemble des choses qui dissuaderont ceux qui, aujourd’hui, voudraient changer l’ordre du monde. L’Europe est capable de relever ces défis. Si la Pologne est capable de relever ces défis, alors l’Europe est également capable de le faire, a déclaré Szymon Hołownia.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le président du Sejm a souligné que c’est l’Europe qui paie aujourd’hui, en soutenant l’Ukraine, la guerre que Poutine a provoquée, au lieu de la lui faire payer. – Après tout, c’est logique. S’il a mis le feu, il doit en subir les conséquences. Le criminel doit répondre de ses actes sur ses propres biens. Pas sur les intérêts de ses biens, mais sur ses biens, en répondant sur ses biens de ce qu’il fait. Et l’Europe doit se concentrer aujourd’hui sur la manière d’aider l’Ukraine à utiliser cet argent de manière judicieuse et appropriée. Cette décision ne sera pas prise à Washington. Cette décision sera prise à Bruxelles, à Paris, à Berlin. Il me semble que c’est logique. Et c’est quelque chose que tout le monde devrait comprendre, a déclaré le président Hołownia.

– L’Europe doit croire en son potentiel. Le début de la victoire réside dans la reconnaissance de sa propre force. L’Europe a cette force. L’Europe a déjà un diagnostic, elle a une prescription. Un âge d’or s’annonce pour l’Europe. Il faut juste qu’elle se réveille, a-t-il souligné.

La parole a ensuite été donnée à Władysław Kosiniak-Kamysz, ministre de la Défense nationale et vice-président du Conseil des ministres. – Le diagnostic est déjà posé, mais après la discussion et le diagnostic, il faut agir, et c’est ce qui posait problème à l’Europe. Il faut dire que nous avons été réveillés par des douches froides, surtout ces derniers temps. Même la guerre en Ukraine ne nous a pas fait passer à l’action avec autant d’élan que les événements récents dans l’espace géopolitique, a déclaré le vice-premier ministre Kosiniak-Kamysz.

Il a souligné que la continuation du soutien à l’Ukraine était un « enjeu fondamental ». – Chaque jour de combat en Ukraine use les adversaires de la Pologne, de l’Europe. Il s’agit d’user ceux qui menacent nos valeurs fondamentales, notre liberté et notre souveraineté. Et la menace est très sérieuse : iil s’agit de la stratégie néo-impérialiste de la Russie, dont elle ne déviera jamais, a-t-il déclaré.

– L’industrie de la défense est une priorité. Il n’existe pas aujourd’hui en Europe d’industrie qui garantisse la sécurité, dans aucun pays. Même la somme de nos industries ne garantit pas cette sécurité. C’est pourquoi il est tout à fait justifié de consacrer un flux de financement à cet objectif – a-t-il déclaré.

Le ministre de la Défense nationale a également évoqué les relations entre l’UE et l’OTAN. – L’Union est un espace de développement, mais aussi de sécurité. L’UE n’est pas et ne peut pas être en concurrence avec l’OTAN. Leurs valeurs doivent se compléter, et leurs actions sont orientées vers le même objectif mais fournissent des capacités différentes, a-t-il ajouté.

Le président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, David McAllister, a fait remarquer qu’il s’agissait de la 26e réunion dans ce format et qu’une sorte de tradition s’était établie. – Nous devons renforcer la coopération dans le cadre de la diplomatie parlementaire. Ensemble, nous devons défendre le multilatéralisme. C’est sur cette base que nous avons construit l’Union. En nous engageant dans un dialogue de fond, nous contribuons à la mission d’unification et de renforcement de l’Europe en ces temps extrêmement difficiles, a-t-il souligné.

– La situation dont nous sommes témoins nous oblige à reconnaître que le multilatéralisme, la démocratie et l’État de droit dans le monde sont attaqués, et que ce défi devient de plus en plus important. La sécurité de l’Ukraine est absolument fondamentale pour la sécurité de l’Europe. Le Parlement européen soutient la décision du Conseil du 6 mars, qui propose des garanties de sécurité de la part de l’UE pour l’Ukraine. Dans la situation actuelle, il est important de ne pas oublier qui nous sommes, ce qu’est l’UE, ce qui nous unit et ce qui nous rend déterminés, a-t-il déclaré.

L’événement était coprésidé par la présidente de la commission du Sejm pour les affaires de l’Union européenne, la députée Agnieszka Pomaska, et le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, le sénateur Grzegorz Schetyna. – L’objectif de la présidence polonaise est d’améliorer le développement des capacités militaires et la production de défense, en apportant des avantages à la fois à la zone transatlantique et à l’Ukraine. Il ne fait aucun doute que l’Union européenne doit renforcer sa résilience et sa préparation pour contrer les menaces, a souligné Mme Pomaska.

Dans son intervention, elle a souligné combien les menaces hybrides déstabilisent les pays et les sociétés. – Les États de l’Union font l’objet d’attaques hybrides agressives menées par Moscou avec le soutien actif de Minsk. Il ne s’agit pas seulement de blocage de sites web et d’activités de désinformation, mais aussi d’instrumentalisation des migrations, d’activités d’espionnage, d’ingérence dans les processus démocratiques, d’actes de sabotage et de diversion. La région de la mer Baltique est une zone particulièrement importante où les opérations hybrides russes sont menées avec une grande intensité. Les incidents répétés d’endommagement et de perturbation du fonctionnement des câbles de communication sous-marins entre la Finlande et l’Estonie, la Finlande et l’Allemagne, la Suède et la Lituanie, sont la preuve de l’escalade des activités hybrides russes. La mer Baltique est également une zone d’activité pour la « flotte fantôme » utilisée par la Russie à des fins de sabotage, d’espionnage et de violation des sanctions imposées au pays, a-t-elle ajouté.

Elle a également rappelé que « la Pologne est activement engagée dans la lutte contre les menaces hybrides ». – Avec la République tchèque et la Lituanie, nous avons mis en place le mécanisme européen « hybrid toolbox » pour la coordination et l’action proactive contre ces menaces. Avec les pays nordiques et baltes, nous sommes engagés dans des travaux actuels et futurs sur la sécurité des infrastructures critiques en mer Baltique et, du fait de ces activités, la présence de l’OTAN dans la région de la Baltique augmente également, a-t-elle souligné.

– Il est important que nous nous concentrions sur la coopération et la recherche de solutions communes en matière de sécurité, quelle que soit la perspective que nous avons, et il est important de rapprocher ces perspectives, a-t-elle ajouté.

À son tour, le président Schetyna a souligné que la question de la défense européenne était devenue une priorité pour l’ensemble de l’Europe ces dernières années. – Notre continent est confronté à de nouveaux défis qu’il n’a pas connus depuis des décennies et qui nécessitent un nouveau regard sur cette réalité difficile, de la détermination et des solutions modernes. L’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie a marqué un tournant dans la politique menée jusqu’à présent. En attaquant son voisin de manière illégale, en annexant près de 20 % de son territoire, la Russie a montré son mépris pour l’ordre international et a définitivement remis en question le principe qui sous-tendait l’architecture de sécurité de l’Europe d’après-guerre. Nous assistons à la lutte héroïque d’une nation qui défend la démocratie et la liberté contre l’autoritarisme. Tous ici, nous défendons ces valeurs. Nous ne pouvons pas permettre à l’agresseur de gagner, a déclaré Grzegorz Schetyna.

– Les défis géopolitiques évoqués signifient que l’Europe doit prendre en main les questions relatives à sa sécurité. La Pologne est un pays qui montre que la stratégie peut et doit être adaptée aux nouvelles réalités. Cela signifie une augmentation des dépenses de défense. Nous n’avons pas le choix, car nos valeurs sont en jeu : la liberté, la démocratie, l’égalité, l’État de droit, la dignité et le respect des droits humains, a-t-il déclaéé.

Après la séance d’ouverture, les parlementaires ont discuté lors de trois sessions thématiques.

La première session, intitulée « Protection et sécurité de l’Union européenne. Les menaces hybrides en tant que facteur externe de déstabilisation pour l’Europe » a été ouvert par le président de la commission des affaires étrangères, le député Paweł Kowal. Un discours a été prononcé par le ministre de l’Intérieur et de l’Administration, Tomasz Siemoniak. Celui-ci a souligné que la Pologne s’était fixé 3 priorités dans le domaine des affaires intérieures pendant sa présidence du Conseil de l’UE : la lutte contre la migration illégale, la protection civile et la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité. 

En ce qui concerne la première priorité, le ministre a souligné que la Pologne avait alloué 2,5 milliards de PLN à la construction d’une barrière à sa frontière orientale et  y maintenait 11 000 soldats, gardes-frontières et policiers.  – Il faut tout faire pour rendre les frontières extérieures étanches afin que les migrants illégaux ne s’infiltrent pas, et non recréer des frontières et des contrôles aux frontières entre les États membres, a-t-il déclaré.

– La question de la protection civile s’inscrit dans la continuité des réflexions contenues dans le rapport de l’ancien président finlandais Sauli Niinisto. Ce sujet n’a jamais été abordé dans le contexte des actions de l’Union européenne. Nous travaillons, avec les commissaires qui ont des compétences dans ces domaines, pour que les questions de protection civile fassent également l’objet d’une coopération européenne, et surtout pour que cette coopération aboutisse à la création d’outils de financement pour les projets des États membres, a poursuivi Tomasz Siemoniak, en évoquant les priorités de la présidence polonaise du Conseil de l’UE.

La troisième priorité est la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité. – Ces questions se recoupent très fortement avec celles que nous considérons comme des domaines de la sécurité nationale. L’immigration illégale, la pression hybride sur la frontière polonaise n’est pas seulement une action du régime biélorusse soutenu par la Russie, mais c’est aussi un crime grave, a déclaré le ministre Siemoniak.

L’ancien président finlandais Sauli Niinisto a ensuite pris la parole.  – Nous pensions que nous vivions dans une Europe très sûre, où la sécurité et la paix étaient des choses que nous considérions comme acquises et pour lesquelles nous n’avions pas à nous battre. Le temps est venu de modifier cette approche, car la paix et la sécurité sont la base de tout.  Il est temps de se réveiller, et le signal du réveil est clair. Je pense que nous avons entendu le réveil, mais il y a encore beaucoup de citoyens européens qui pensent : « La sécurité n’est pas mon affaire ». Cette mentalité doit changer, a conclu l’homme politique finlandais.

« Priorités de la PESC/PSDC et défis actuels dans le nouveau cycle institutionnel. Construire une nouvelle architecture de sécurité pour l’Union européenne » – tels ont été les thèmes débattus par les parlementaires lundi lors de la deuxième session de la conférence. Les coprésidents de la session étaient le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, le sénateur Grzegorz Schetyna, et le président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, David McAllister. Un discours a été prononcé par Simon Mordue, secrétaire général adjoint du Service européen pour l’action extérieure. – En ces temps difficiles, nous devons surtout souligner l’importance de toutes les alliances, mais aussi du multilatéralisme. Il est temps de commencer à prendre les choses au sérieux et d’investir dans la défense européenne. Nous devons avant tout assumer la responsabilité de la défense et de la dissuasion. Nous devons créer une nouvelle approche de la sécurité et de la défense en Europe. Nous devons investir pour combler les lacunes et créer une base industrielle solide dans le secteur de la défense, a souligné Simon Mordue.

La Conférence interparlementaire pour la politique étrangère et de sécurité commune et la politique de sécurité et de défense commune de lundi s’est achevée par la session « Débat urgent sur un sujet d’actualité : l’avenir des relations transatlantiques ». Le débat était dirigé par David McAllister, président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, et les principaux orateurs étaient Władysław Teofil Bartoszewski, secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères, et Katarzyna Pisarska, présidente du Warsaw Security Forum.

– Les conflits mondiaux et les turbulences économiques exigent une réponse concertée et coordonnée. Nous sommes en outre confrontés des deux côtés de l’Atlantique à de nouvelles menaces sécuritaires non conventionnelles qui sont apparues récemment ou se sont intensifiées, telles que les cyberattaques, a déclaré M. Bartoszewski.

Le vice-ministre des Affaires étrangères a souligné que « le partenariat transatlantique, comme tout autre partenariat, nécessite des efforts de la part des deux parties pour le renforcer et le développer ». – L’Europe, c’est évident, doit renforcer ses capacités de dissuasion et assumer une plus grande responsabilité pour sa sécurité et sa défense, a-t-il souligné.

Les relations transatlantiques ont également été abordées dans le discours de la présidente du Warsaw Security Forum : – Bien que nous soyons à une conférence dédiée à l’UE, j’encourage vivement les États : ne délaissons pas l’OTAN. Ce n’est plus seulement un projet américain. C’est une garantie collective de sécurité. Une garantie donnée à tous les États membres, dont la plupart sont européens, a déclaré Katarzyna Pisarska.

– Nous devons miser sur l’intégration européenne, sur la coopération, sur la construction de la paix en prenant soin ensemble de notre défense. Cela peut sembler un truisme, mais après des années de renoncement mental, il s’est avéré que nous sommes trop faibles pour affronter ceux qui fondent aujourd’hui leur vision de l’avenir de l’Europe et du monde uniquement sur la force. Nous devons y répondre en tant qu’Europe, en tant qu’États membres de l’Union européenne, et j’ai le sentiment que, bien qu’il soit tard, il n’est certainement pas trop tard pour prendre les mesures qui s’imposent, a déclaré M.Hołownia.

Le maréchal (président) du Sejm a souligné que si l’Europe considère les dépenses de défense comme des coûts ou des pertes pour le budget, elle n’atteindra jamais l’objectif fixé. – Aujourd’hui, nous devons les considérer comme un investissement. Aujourd’hui, nous devons considérer ces dépenses comme de l’argent qui renforcera notre compétitivité, a-t-il souligné.

Il y a du travail à faire, car 78 % des dépenses de défense de l’Europe sont réalisées en dehors des budgets de nos pays. Dont 60 % aux États-Unis. Il est vraiment temps que l’Europe cesse d’entretenir cette mentalité d’éternel client fasciné par d’autres mondes, fasciné par ceux qui produisent des technologies de pointe dans des domaines que nous ne possédons pas encore. Nous devons nous-mêmes commencer à produire de telles technologies. C’est nous qui devons être le magasin où les autres viendront dépenser leurs budgets nationaux. Nous sommes vraiment capables d’y arriver, a-t-il estimé.

– Il est temps pour nous de réveiller l’industrie européenne de la défense, d’éveiller en Europe la conscience que notre avenir commun réside dans les investissements dans la défense. Que les temps ne sont plus à l’après-guerre, qu’ils sont à l’avant-guerre. Ainsi, la communauté du charbon et de l’acier, qui devait, selon l’idée de Schuman, lier les mains des gens pour qu’ils ne se battent pas entre eux, mais produisent ensemble, doit être remplacée par une communauté qui produise ensemble des choses qui dissuaderont ceux qui, aujourd’hui, voudraient changer l’ordre du monde. L’Europe est capable de relever ces défis. Si la Pologne est capable de relever ces défis, alors l’Europe est également capable de le faire, a déclaré Szymon Hołownia.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le président du Sejm a souligné que c’est l’Europe qui paie aujourd’hui, en soutenant l’Ukraine, la guerre que Poutine a provoquée, au lieu de la lui faire payer. – Après tout, c’est logique. S’il a mis le feu, il doit en subir les conséquences. Le criminel doit répondre de ses actes sur ses propres biens. Pas sur les intérêts de ses biens, mais sur ses biens, en répondant sur ses biens de ce qu’il fait. Et l’Europe doit se concentrer aujourd’hui sur la manière d’aider l’Ukraine à utiliser cet argent de manière judicieuse et appropriée. Cette décision ne sera pas prise à Washington. Cette décision sera prise à Bruxelles, à Paris, à Berlin. Il me semble que c’est logique. Et c’est quelque chose que tout le monde devrait comprendre, a déclaré le président Hołownia.

– L’Europe doit croire en son potentiel. Le début de la victoire réside dans la reconnaissance de sa propre force. L’Europe a cette force. L’Europe a déjà un diagnostic, elle a une prescription. Un âge d’or s’annonce pour l’Europe. Il faut juste qu’elle se réveille, a-t-il souligné.

La parole a ensuite été donnée à Władysław Kosiniak-Kamysz, ministre de la Défense nationale et vice-président du Conseil des ministres. – Le diagnostic est déjà posé, mais après la discussion et le diagnostic, il faut agir, et c’est ce qui posait problème à l’Europe. Il faut dire que nous avons été réveillés par des douches froides, surtout ces derniers temps. Même la guerre en Ukraine ne nous a pas fait passer à l’action avec autant d’élan que les événements récents dans l’espace géopolitique, a déclaré le vice-premier ministre Kosiniak-Kamysz.

Il a souligné que la continuation du soutien à l’Ukraine était un « enjeu fondamental ». – Chaque jour de combat en Ukraine use les adversaires de la Pologne, de l’Europe. Il s’agit d’user ceux qui menacent nos valeurs fondamentales, notre liberté et notre souveraineté. Et la menace est très sérieuse : iil s’agit de la stratégie néo-impérialiste de la Russie, dont elle ne déviera jamais, a-t-il déclaré.

– L’industrie de la défense est une priorité. Il n’existe pas aujourd’hui en Europe d’industrie qui garantisse la sécurité, dans aucun pays. Même la somme de nos industries ne garantit pas cette sécurité. C’est pourquoi il est tout à fait justifié de consacrer un flux de financement à cet objectif – a-t-il déclaré.

Le ministre de la Défense nationale a également évoqué les relations entre l’UE et l’OTAN. – L’Union est un espace de développement, mais aussi de sécurité. L’UE n’est pas et ne peut pas être en concurrence avec l’OTAN. Leurs valeurs doivent se compléter, et leurs actions sont orientées vers le même objectif mais fournissent des capacités différentes, a-t-il ajouté.

Le président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, David McAllister, a fait remarquer qu’il s’agissait de la 26e réunion dans ce format et qu’une sorte de tradition s’était établie. – Nous devons renforcer la coopération dans le cadre de la diplomatie parlementaire. Ensemble, nous devons défendre le multilatéralisme. C’est sur cette base que nous avons construit l’Union. En nous engageant dans un dialogue de fond, nous contribuons à la mission d’unification et de renforcement de l’Europe en ces temps extrêmement difficiles, a-t-il souligné.

– La situation dont nous sommes témoins nous oblige à reconnaître que le multilatéralisme, la démocratie et l’État de droit dans le monde sont attaqués, et que ce défi devient de plus en plus important. La sécurité de l’Ukraine est absolument fondamentale pour la sécurité de l’Europe. Le Parlement européen soutient la décision du Conseil du 6 mars, qui propose des garanties de sécurité de la part de l’UE pour l’Ukraine. Dans la situation actuelle, il est important de ne pas oublier qui nous sommes, ce qu’est l’UE, ce qui nous unit et ce qui nous rend déterminés, a-t-il déclaré.

L’événement était coprésidé par la présidente de la commission du Sejm pour les affaires de l’Union européenne, la députée Agnieszka Pomaska, et le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, le sénateur Grzegorz Schetyna. – L’objectif de la présidence polonaise est d’améliorer le développement des capacités militaires et la production de défense, en apportant des avantages à la fois à la zone transatlantique et à l’Ukraine. Il ne fait aucun doute que l’Union européenne doit renforcer sa résilience et sa préparation pour contrer les menaces, a souligné Mme Pomaska.

Dans son intervention, elle a souligné combien les menaces hybrides déstabilisent les pays et les sociétés. – Les États de l’Union font l’objet d’attaques hybrides agressives menées par Moscou avec le soutien actif de Minsk. Il ne s’agit pas seulement de blocage de sites web et d’activités de désinformation, mais aussi d’instrumentalisation des migrations, d’activités d’espionnage, d’ingérence dans les processus démocratiques, d’actes de sabotage et de diversion. La région de la mer Baltique est une zone particulièrement importante où les opérations hybrides russes sont menées avec une grande intensité. Les incidents répétés d’endommagement et de perturbation du fonctionnement des câbles de communication sous-marins entre la Finlande et l’Estonie, la Finlande et l’Allemagne, la Suède et la Lituanie, sont la preuve de l’escalade des activités hybrides russes. La mer Baltique est également une zone d’activité pour la « flotte fantôme » utilisée par la Russie à des fins de sabotage, d’espionnage et de violation des sanctions imposées au pays, a-t-elle ajouté.

Elle a également rappelé que « la Pologne est activement engagée dans la lutte contre les menaces hybrides ». – Avec la République tchèque et la Lituanie, nous avons mis en place le mécanisme européen « hybrid toolbox » pour la coordination et l’action proactive contre ces menaces. Avec les pays nordiques et baltes, nous sommes engagés dans des travaux actuels et futurs sur la sécurité des infrastructures critiques en mer Baltique et, du fait de ces activités, la présence de l’OTAN dans la région de la Baltique augmente également, a-t-elle souligné.

– Il est important que nous nous concentrions sur la coopération et la recherche de solutions communes en matière de sécurité, quelle que soit la perspective que nous avons, et il est important de rapprocher ces perspectives, a-t-elle ajouté.

À son tour, le président Schetyna a souligné que la question de la défense européenne était devenue une priorité pour l’ensemble de l’Europe ces dernières années. – Notre continent est confronté à de nouveaux défis qu’il n’a pas connus depuis des décennies et qui nécessitent un nouveau regard sur cette réalité difficile, de la détermination et des solutions modernes. L’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie a marqué un tournant dans la politique menée jusqu’à présent. En attaquant son voisin de manière illégale, en annexant près de 20 % de son territoire, la Russie a montré son mépris pour l’ordre international et a définitivement remis en question le principe qui sous-tendait l’architecture de sécurité de l’Europe d’après-guerre. Nous assistons à la lutte héroïque d’une nation qui défend la démocratie et la liberté contre l’autoritarisme. Tous ici, nous défendons ces valeurs. Nous ne pouvons pas permettre à l’agresseur de gagner, a déclaré Grzegorz Schetyna.

– Les défis géopolitiques évoqués signifient que l’Europe doit prendre en main les questions relatives à sa sécurité. La Pologne est un pays qui montre que la stratégie peut et doit être adaptée aux nouvelles réalités. Cela signifie une augmentation des dépenses de défense. Nous n’avons pas le choix, car nos valeurs sont en jeu : la liberté, la démocratie, l’égalité, l’État de droit, la dignité et le respect des droits humains, a-t-il déclaéé.

Après la séance d’ouverture, les parlementaires ont discuté lors de trois sessions thématiques.

La première session, intitulée « Protection et sécurité de l’Union européenne. Les menaces hybrides en tant que facteur externe de déstabilisation pour l’Europe » a été ouvert par le président de la commission des affaires étrangères, le député Paweł Kowal. Un discours a été prononcé par le ministre de l’Intérieur et de l’Administration, Tomasz Siemoniak. Celui-ci a souligné que la Pologne s’était fixé 3 priorités dans le domaine des affaires intérieures pendant sa présidence du Conseil de l’UE : la lutte contre la migration illégale, la protection civile et la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité. 

En ce qui concerne la première priorité, le ministre a souligné que la Pologne avait alloué 2,5 milliards de PLN à la construction d’une barrière à sa frontière orientale et  y maintenait 11 000 soldats, gardes-frontières et policiers.  – Il faut tout faire pour rendre les frontières extérieures étanches afin que les migrants illégaux ne s’infiltrent pas, et non recréer des frontières et des contrôles aux frontières entre les États membres, a-t-il déclaré.

– La question de la protection civile s’inscrit dans la continuité des réflexions contenues dans le rapport de l’ancien président finlandais Sauli Niinisto. Ce sujet n’a jamais été abordé dans le contexte des actions de l’Union européenne. Nous travaillons, avec les commissaires qui ont des compétences dans ces domaines, pour que les questions de protection civile fassent également l’objet d’une coopération européenne, et surtout pour que cette coopération aboutisse à la création d’outils de financement pour les projets des États membres, a poursuivi Tomasz Siemoniak, en évoquant les priorités de la présidence polonaise du Conseil de l’UE.

La troisième priorité est la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité. – Ces questions se recoupent très fortement avec celles que nous considérons comme des domaines de la sécurité nationale. L’immigration illégale, la pression hybride sur la frontière polonaise n’est pas seulement une action du régime biélorusse soutenu par la Russie, mais c’est aussi un crime grave, a déclaré le ministre Siemoniak.

L’ancien président finlandais Sauli Niinisto a ensuite pris la parole.  – Nous pensions que nous vivions dans une Europe très sûre, où la sécurité et la paix étaient des choses que nous considérions comme acquises et pour lesquelles nous n’avions pas à nous battre. Le temps est venu de modifier cette approche, car la paix et la sécurité sont la base de tout.  Il est temps de se réveiller, et le signal du réveil est clair. Je pense que nous avons entendu le réveil, mais il y a encore beaucoup de citoyens européens qui pensent : « La sécurité n’est pas mon affaire ». Cette mentalité doit changer, a conclu l’homme politique finlandais.

« Priorités de la PESC/PSDC et défis actuels dans le nouveau cycle institutionnel. Construire une nouvelle architecture de sécurité pour l’Union européenne » – tels ont été les thèmes débattus par les parlementaires lundi lors de la deuxième session de la conférence. Les coprésidents de la session étaient le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, le sénateur Grzegorz Schetyna, et le président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, David McAllister. Un discours a été prononcé par Simon Mordue, secrétaire général adjoint du Service européen pour l’action extérieure. – En ces temps difficiles, nous devons surtout souligner l’importance de toutes les alliances, mais aussi du multilatéralisme. Il est temps de commencer à prendre les choses au sérieux et d’investir dans la défense européenne. Nous devons avant tout assumer la responsabilité de la défense et de la dissuasion. Nous devons créer une nouvelle approche de la sécurité et de la défense en Europe. Nous devons investir pour combler les lacunes et créer une base industrielle solide dans le secteur de la défense, a souligné Simon Mordue.

La Conférence interparlementaire pour la politique étrangère et de sécurité commune et la politique de sécurité et de défense commune de lundi s’est achevée par la session « Débat urgent sur un sujet d’actualité : l’avenir des relations transatlantiques ». Le débat était dirigé par David McAllister, président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, et les principaux orateurs étaient Władysław Teofil Bartoszewski, secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères, et Katarzyna Pisarska, présidente du Warsaw Security Forum.

– Les conflits mondiaux et les turbulences économiques exigent une réponse concertée et coordonnée. Nous sommes en outre confrontés des deux côtés de l’Atlantique à de nouvelles menaces sécuritaires non conventionnelles qui sont apparues récemment ou se sont intensifiées, telles que les cyberattaques, a déclaré M. Bartoszewski.

Le vice-ministre des Affaires étrangères a souligné que « le partenariat transatlantique, comme tout autre partenariat, nécessite des efforts de la part des deux parties pour le renforcer et le développer ». – L’Europe, c’est évident, doit renforcer ses capacités de dissuasion et assumer une plus grande responsabilité pour sa sécurité et sa défense, a-t-il souligné.

Les relations transatlantiques ont également été abordées dans le discours de la présidente du Warsaw Security Forum : – Bien que nous soyons à une conférence dédiée à l’UE, j’encourage vivement les États : ne délaissons pas l’OTAN. Ce n’est plus seulement un projet américain. C’est une garantie collective de sécurité. Une garantie donnée à tous les États membres, dont la plupart sont européens, a déclaré Katarzyna Pisarska.